Entretien russlavo-belondaure

Après plusieurs dizaines de minutes dans les rues d'Elbêröhnit, bien moins embouteillées que la dernière fois qu'un diplomate russlave était venu (l'effet des Grands Travaux qui avaient transformé la ville), ils arrivèrent sur le haut plateau où était sis le palais. Pénétrant en son sein, ils allèrent jusqu'aux bureaux de la Connétablie de l'Empire. Alors que le Connétable de l'Empire les attendait dans un salon, le ministre des Affaires étrangères dit à destination de son autorité de tutelle :

- Votre Excellence, son Excellence Stemka Soyembika, envoyé plénipotentiaire de la Sainte Russlavie. Puis à destination du diplomate. Votre Excellence, son Excellence le Connétable de l'Empire, Charles Marksane, grand dignitaire de l'Empire.

Le Connétable reçut son ministre et l'émissaire étranger dans un salon encore plein des caisses du déménagement. Des piles vertigineuses de dossiers traînaient ça et là dans la pièce richement décorée.

Le grand-dignitaire fit dégager deux chaises du fatras par des huissiers, afin d'accomoder ses visiteurs, puis s'installa derrière un imposant bureau de chêne massif tout aussi débordant de dossiers et de documents divers.

- Excellence, monsieur le ministre, bienvenue à vous. Asseyez-vous, je vous en prie.

Les huissiers étaient encore aux côtés des trois hommes. Charles Marksane en profita pour les retenir un instant, pour servir de quoi soulager le prêtre.

- Personnellement je prendrai un thé angmarien. Votre Excellence, souhaitez-vous qu'on vous serve quelque chose ? Une boisson ou une collation ? Vous avez dû faire un voyage fort éprouvant.

Une fois les commandes de chacun passées, les négociations purent reprendre.

- Bien évidemment nous avons un traité avec votre gouvernement et nous comptons le respecter en chacun de ses articles comme nous l'avons toujours fait.
Cependant, je compte profiter de ma récente nomination pour faire souffler un vent de fraîcheur sur nos engagements diplomatiques, si vous me permettez l'expression. A mon sens, le traité en question ne répond absolument plus aux enjeux des relations russlavo-belondaures. La période actuelle est empreinte des tensions avec la nation crasselandaise qui menace, après avoir envahi une partie de vos terres, de faire de même avec les pays de la Triple-Alliance. Les pirates sorabes se mettent, après avoir installé l'anarchie dans une de nos îles, à croiser face à vos côtes, comme vous avez dû en avoir connaissance.

Je vous propose donc de remanier ce texte pour approfondir nos relations et forger, si vous le voulez bien, une nouvelle alliance pour contrer des menaces communes à nos deux pays.

Le Connétable fit alors glisser vers l'émissaire russlave un document imprimé qui avait été copieusement raturé et réécrit à la plume.

Veuillez excuser votre serviteur pour la forme. Ceci n'est qu'un brouillon de discussion qu'il faudra que je présente à l'empereur pour approbation. Nous pourrions, à cette occasion, envisager les bénéfices et les inconvenients d'une éventuelle adhésion russlave à la Triple-Alliance.

Grande Bibliothèque a écrit:

L'EMPIRE DE BELONDOR,
LA SAINTE RUSSLAVIE

Représentés par,

- NABELNINE I^er, par la grâce de Dieu, Sa Majesté Très-Syiste, Empereur de Belondor, etc.,
- André de Merleau-Cambacérès, comte d'Outrouand, maréchal d'Empire, Charles Marksane, Connétable de l'Empire,

- NICOLAS I^er, Tsar de toutes les Russlavies,
- Alexeiev Samsonov, ministre des Affaires étrangères, Stemka Soyembika, Régent de la couronne,

Étant dénommées les Hautes Parties Contractantes par le présent traité, ont convenu de ce qui suit :


Considérant les bénéfices réciproquement profitables d'une alliance,
Considérant les menaces et agissements de la Semi-République du Crasselande,
Considérant la nécessité de s'unir pour la défense de nos intérêts,
Considérant notre souci de maintenir la paix sur le continent,
Avons résolu d'une alliance pleine et entière entre nous et nos États et des dispositions suivantes,

Titre I – De l'Entente cordiale entre l'Empire de Belondor et la Sainte Russlavie

Article I – Les Hautes Parties Contractantes se reconnaissent mutuellement comme souverains d'un État indépendant, dans la limite de ses frontières. Ils reconnaissent également la légitimité de leurs gouvernements respectifs et s'engagent à ne jamais agir à l'encontre de ces derniers ni à s'ingérer dans leurs affaires, sans commettre d'acte de forfaiture susceptible d'entraîner la dénonciation du présent traité.

Article II – Les Hautes Parties Contractantes tiennent des consultations régulières en vue d'assurer le développement de leurs relations bilatérales. Elles procèdent à l'envoi d'ambassadeurs et informent régulièrement leurs interlocuteurs de l'actualité de leur État respectif. Chacune des parties s'engage à accueillir, dans les meilleures conditions et dans le respect de sa législation, l'ambassadeur envoyé par l'autre partie.

Article III – Les Hautes Parties Contractantes proclament qu'elles tacheront de maintenir une bonne entente entre leurs États. Elles tacheront de préserver la paix et d'assurer la perpétuité de leur l'amitié.

Article IV – En cas de conflit de quelque nature que ce soit entre les deux parties, celles-ci s'engagent à réunir, au choix, une conférence diplomatique de leurs représentants, ou un sommet bilatéral des Chefs d'États, afin de parvenir à un accord. En cas d'échec, nulle partie n'est alors tenue de suivre le présent traité et chacune est autorisée à le dénoncer.

Titre II – De l'Alliance et de la coopération militaire entre l'Empire de Belondor et la Sainte Russlavie

Article V – En cas d'atteinte envers leurs zones d'influences ou leurs intérêts à travers le Micromonde, les gouvernements des Hautes Parties Contractantes s'engagent à apporter un soutien, militaire et diplomatique, plein et entier à la partie impliquée.

Article VI – Les parties contractantes s'engagent à pouvoir mobiliser une force de dissuasion militaire très rapidement sur le Continent Nord équivalent à cinq cent mille [500 000] hommes chacune.

Article VII – Les parties contractantes s'engagent à donner accès à leurs ports militaires respectifs aux flottes militaires des autres parties contractantes.

De même les hôpitaux militaires et les unités médicales des forces armées des parties contractantes sont ouvert à tous les soldats de l'Alliance blessés au combat ou en exercice.

Titre III – Des dispositions transitoires

Article VIII – Le présent traité est applicable dès l'instant qu'il aura été ratifié par les deux Hautes Parties Contractantes.

Fait l'Amezziadine 12 Nonus 2694
À ELBÊRÖHNIT.

Le Connétable confia la copie à un fonctionnaire de son cabinet afin de sortir un document au propre en précisant "au plus vite, merci". Puis se retournant vers le métropolite avec un large sourire :

- Monseigneur - dites moi si je me trompe de titre - la réponse est dans votre question. Il est un secret de polichinelle que le Krassland est à l'origine de la destabilisation de l'équilibre qui régnait depuis la fin de la guerre zollerno-edoranaise. La question n'est pas de savoir si le Krassland nous fera la guerre mais quand, à moins que la coalition des grands États du Continent-Nord ne laisse le Krassland si isolé qu'il ne puisse que reculer.

Je vous propose de signer ensemble la copie, à charge ensuite pour nos pouvoirs respectifs de les ratifier le de manière définitive. Je vous propose également de maintenir nos contacts, éventuellement en invitant des généraux russlaves en tant qu'observateurs dans le cadre de la Triple-Alliance, pour discuter de manière approfondie des questions de défensede nos territoires et zones d"influences.