Sur les bancs de l'école néo-argenoise

Cette fois, c'était l'armée que le Haut-Représentant s'était mis en tête de réformer, bien que le travail avait été entamé avec l'unification des forces armées.

Un petit millier de militaires avaient été alignés dans la cour de la caserne de Suburbourg dans la banlieue de Habsbourg. L'ensemble de l'Etat Major néo-argenois était également présent au côté des principaux dignitaires et membres du conseil princier. Avaient été ajoutés à cette troupe les personnels des quelques écoles publiques de l'île, ainsi que des directeurs d'institutions scolaires religieuses. Ces derniers détonnaient dans la marée d'uniformes neufs de la MNA et de costumes trois pièces.

Situé sur une estrade en bois, Charles relisait intérieurement son discours devant cette assemblée. Il arrivait déjà à la seconde étape de sa Grande Réforme de la principauté.

- Mesdames, messieurs, je tenais tout d'abord à vous remercier de votre présence en ce jour glorieux pour la Nouvelle-Argentorate. Cette revue des troupes est officiellement l'occasion de découvrir les nouveaux uniformes et les nouveaux équipements dont la MNA. Mais, si nous avons convoqué, le premier conseiller princier et moi, au delà des cercles militaires et officiels, c'est que j'aimerai aller au delà de ce simple sujet.

Le plan de modernisation de la MNA ne va pas se cantonner à des changements esthétiques : la Grande Réforme ne saurait être grande sans miser sur l'avenir de la Nouvelle-Argentorate : notre jeunesse.
La réforme ne doit pas uniquement passer par des actions de court terme, mais également par une préparation du futur par l'éducation.
Dans cet objectif, nous allons lancer un vaste plan de construction d'établissements à visée éducative. Je vous annonce donc, en ce jour,
la transformation d'une aile de la caserne de Suburbourg en École Militaire Centrale, qui formera les futurs officiers. Pour prolonger cette oeuvre formatrice, des écoles d'administration et d'application militaire provinciales seront créées dans les chefs-lieux de province au bénéfice des sous-officiers et les troupes. Elles pourvoiront également à l'instruction administrative et militaire des fonctionnaires, qui, je vous le rappelle, font aujourd'hui partie par statut de la milice au grade minimal de sous-officier.

Ce plan de développement de l'instruction ne se limitera pas aux fonctionnaires. Il ne faudra également soutenir la reprise de l'activité économique. Celle-ci se fera par l'instruction de nos travailleurs, de nos ouvriers, de nos techniciens et ingénieurs, par la modernisation des techniques de production dans les ateliers et les usines.
Six écoles des sciences techniques et industrielles seront construites à Vaudois, à Rihécourt, à Valois, Port-Habsbourg et Mammellon. L'agriculture devra également être modernisée selon les techniques belondaures pour éradiquer les crises alimentaires : quatre écoles agronomiques donnerons à la Nouvelle-Argentorate des paysans au fait des dernières techniques agricoles pour relancer les productions vivrières.

Enfin, ces efforts pour instruire et diffuser les savoirs seront complétés par des mesures de protection sociale. Des caisses seront créées visant à assurer à l'économie de la Nouvelle-Argentorate la plus grande productivité possible et à ses travailleurs la nécessaire protection pour se consacrer pleinement au relèvement du pays.

Ce discours fut suivi de la revue des troupes du 1er régiment de la garde princière qui fit office de présentation des nouveaux uniformes de la MNA. Le conseil princier se réunit ensuite autour d'une parcelle de terrain boueux afin de procéder à la pose de la première pierre de la future Ecole Militaire Centrale. Cependant, tout le monde avait en tête le discours introductif : de grands changements s'annonçaient décidément dans la petite île.